C’est une échelle au coeur des Alpilles. Elle semble s’extirper d’une pierre aussi belle qu’ingrate. Elle se tient debout, légèrement inclinée contre le vent, au sommet d’une petite colline du domaine de l’abbaye de Pierredon. A ses pieds, de grands arbres, des oliviers et des vignes semblent veiller sur sa posture improbable. Brillante de mille lumières sous les effets du soleil, « Luce, luce, luce » est une oeuvre magistrale de Claudio Parmiggiani, entre le Land art et l’Arte Povera dont l’artiste a été proche dès les années soixante. Elle a été inaugurée à l’Abbaye de Pierredon le 28 juillet à partir de 18h30, puis le dimanche 29 juillet en fin de mâtinée, l’artiste lui-même l’a décrite par ses mots. Sans guide puisque le festival est terminé et sans déranger les propriétaires de l’Abbaye qui ont permis à cette pièce unique de voir le jour, vous pouvez chercher cette triple « lumière » puis la contempler sous toutes ses faces sur la Route du Destret, pas loin de Mouriès. Cette oeuvre pérenne a quelque chose de rare : elle s’est emparée des lieux, ce qui signifie une violence, d’une façon hallucinante de légèreté, comme en un rapt d’évidence. Vue d’avion, il est d’ailleurs presque impossible de la percevoir. « Luce, luce, luce » est un pont entre le visible et l’invisible. Cette discrétion de l’outil humain détournée de son sens pour signifier, du haut de sa colline, une sublime inutilité traduit un geste d’une grande élégance esthétique. A moins d’un tremblement de terre ou de la colère d’un Dieu invisible ne pouvant supporter ce tutoiement sans phare de l’infini, cette échelle magnifiquement absurde ne quittera plus sa colline timide sur la petite montagne des Alpilles.
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